Discours Prof. Jean de Dieu Désiré Ntanga Ntita
Coordonnateur National du P-DDRCS, à l’occasion de la cérémonie de signature du Protocole de collaboration entre le P-DDRCS et la Fondation Bridgeway
Kinshasa, 21 juillet 2025 – Hôtel Novotel

Excellences,
Mesdames et Messieurs les représentants des ministères sectoriels,
Madame la Coordonnatrice Nationale Adjointe/questions Ops/T
Monsieur le Vice-président de la Fondation Bridgeway,
Cher Dr Bulama et toute votre délégation,
Honorables invités,
Représentants des agences partenaires,
Chers collègues, chers amis,
Je vous salue chaleureusement et vous remercie pour votre présence à cette cérémonie hautement symbolique pour notre programme, pour notre pays, et pour la dignité de nos communautés affectées par l’extrémisme armé.
Nous sommes ici pour poser un acte fondateur : la signature d’un Protocole de collaboration formel entre le P-DDRCS et la Fondation Bridgeway, autour d’un objectif commun – celui de briser le cycle de la radicalisation violente, de soutenir la réintégration durable des ex-combattants de l’ISCAP/ADF, et de protéger nos populations civiles dans les territoires les plus exposés.
Mais au-delà du protocole, cet acte incarne la volonté de l’État congolais de réaffirmer pleinement son autorité, sa souveraineté et son leadership dans le champ du DDRCS, à travers son bras technique légal et institutionnel : le Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation, le P-DDRCS.
La coordination nationale, unique et légitime
Permettez-moi de le rappeler, avec toute la clarté institutionnelle que le moment exige :
Le P-DDRCS est l’unique structure publique mandatée par l’Ordonnance présidentielle n°21/038 du 04 juillet 2021 pour coordonner, superviser et valider toutes les initiatives relevant du désarmement, de la démobilisation, de la stabilisation et de la réintégration en République Démocratique du Congo.
Aucun acteur, aussi engagé ou bienveillant soit-il, ne peut agir de manière autonome ou parallèle dans ce domaine.
Ce principe n’est pas négociable. Il est la garantie de l’unicité de l’action publique, de la cohérence stratégique, et surtout de la responsabilité de l’État vis-à-vis de ses citoyens et partenaires.
Respect des principes directeurs et des standards nationaux
En ce sens, le Protocole que nous signons aujourd’hui précise avec rigueur les principes directeurs qui encadreront cette collaboration :
- Alignement strict aux priorités de la Stratégie nationale DDRCS,
- Validation conjointe des plans d’action et des profils bénéficiaires,
- Soumission des projets à l’approbation préalable du P-DDRCS,
- Transparence financière, conformité légale, et traçabilité des résultats.
Aucune action sur le terrain, aucune communication, aucune modification de zone ou de modalité d’intervention ne pourra être engagée sans consultation préalable et validation écrite du Programme.
Ce cadre structurant n’est pas un frein à l’action. Au contraire, c’est la condition pour bâtir la confiance, réduire les risques et faire en sorte que chaque effort produit ait un réel impact sur le terrain.
L’État reste au centre : souveraineté et appropriation nationale
La République Démocratique du Congo est un État souverain.
Les souffrances de ses populations, les défis sécuritaires, la reconstruction post-conflit ne peuvent être gérés qu’à travers une réponse institutionnelle, coordonnée, portée par des Congolais et pour des Congolais.
C’est pourquoi le Protocole prévoit que les centres de déradicalisation, de réhabilitation ou de réintégration ne pourront fonctionner qu’avec l’aval du P-DDRCS. Leur gouvernance, leur méthodologie, leur évaluation seront co-pilotées par notre Programme, en lien avec les ministères compétents et les autorités locales.
Nous saluons l’engagement de la Fondation Bridgeway à respecter ces règles et à inscrire son action dans une logique d’appui technique sous supervision publique, sans délégation de pouvoir. C’est un signal fort et responsable.
Partenariat, oui. Dérive, non.
Nous sommes ouverts au partenariat, mais fermes contre toute dérive.
Les tragédies du passé nous ont appris que l’absence de coordination produit la confusion, la compétition entre acteurs, et surtout la re-victimisation des survivants.
Ce protocole n’est donc pas qu’un simple document administratif.
C’est un contrat de confiance, fondé sur la responsabilité mutuelle et l’exigence institutionnelle.
Appel à l’ensemble des partenaires
Je lance ici un appel à tous les partenaires techniques, aux ONG, aux fondations, aux agences internationales :
Rejoignez le P-DDRCS dans une logique d’unité, d’harmonisation, de rigueur. Nous avons besoin de vos expertises, mais dans le respect de notre leadership, de nos orientations nationales, et des processus que nous avons construits ensemble depuis 2021.
Le DDRCS est un processus sensible. Il touche à la sécurité, à la réconciliation, à la mémoire des victimes. Il ne peut être traité à la légère ni improvisé. Il exige rigueur, coordination, professionnalisme.
En conclusion
Mesdames et Messieurs,
Ce partenariat avec la Fondation Bridgeway est une avancée stratégique, à condition que les engagements pris aujourd’hui deviennent des pratiques quotidiennes demain. Le P-DDRCS reste disponible, exigeant, mais coopératif. Notre rôle est d’accompagner, d’orienter, de valider. Pas de bloquer, ni de retarder.
Mais nous le ferons dans le cadre de nos prérogatives, et avec le sens du devoir envers les communautés, envers nos sœurs et nos frères, nos parents qui comptent sur nous. Je vous remercie pour votre attention, et je salue l’esprit constructif dans lequel cette collaboration s’engage aujourd’hui.
Vive le P-DDRCS,
Vive la République Démocratique du Congo,
Vive la paix retrouvée dans l’honneur et la souveraineté.
Je vous remercie